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[flashback] mortifère [monsieur]
Rinne
[flashback] mortifère [monsieur] 1503175769-2017-08-19-22h49-10
FT : Hanmi / Unstoppable Siblings
Crédit : Kayou & Sunsun & Absinthe (l) & Arashid e_e & Pureté infinie (l)
Âge : 24 ans
Habitation : 3 Chome-19-7 Nishiikebukuro Toshima-ku, Tōkyō-to 171-0021 Japon
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Rinne
C/4

Sur la peau de diaphane,
des vaisseaux nécrosés.

13 janvier 2016, 00h33




Il y a une parure de sang, sous tes doigts
des ongles qui ont retenu de la chair dans l’émoi
et les jointures de tes mains sont rougies des fatigues
d’avoir trop cogné, contre le tapis de nos souvenirs.


Il y a une heure déjà, c’était la danse endiablée des corps sauvages. Vous vous êtes débattus mutuellement pour sauver l’unique chose qui compte vraiment (la vie, ce temps navrant). De la sueur ruisselantes le long des gorges d’où émanaient de furieux glapissement. Le monde avait pris l’apparence d’une mosaïque vitrail, de milles et unes couleurs indiscernables. Tout n’était plus que mouvement. Tu avais oublié le dessus, du sans dessus-dessous. Il y avait de la rage, et une peine énorme. Le besoin de d’arracher à l’être en face de toi un peu plus que ce qu’il n’avait déjà pris lui-même. Reprendre l’avantage. S’élever au dessus du carnage. Et vous vous étiez élancés l’un contre l’autre, encore, mais ce n’était plus pour s’échanger des caresses, ni pour retirer une enveloppe trop gênante, déposséder l’armature de chair des lambeaux de vêtements en suspens.

C’était une ode au lâcher-prise, vous aviez décidés de vous en aller. Une querelle amoureuse qui n’a pas de sens, de l’affection oui, mais pas pour vous deux (le gout du risque était plus sucré). Cathartique ritournelle. Il y a dans le choc et la douleur une libération impromptue ; les neurones qui se gèlent, et tout irradie. Comme l’aube couche sur le monde un écran éclatant. Vous voilà libérés des affres maudits : ne reste devant vous plus qu’une action, loin de tout dépit, il y a cet abandon, à la folie. Le désordre infini. 

Et votre râle lèche votre nuque, le haut de votre crâne décrépit. Vos cheveux sont sales, ils sont à l’image de vos pêchés exquis. Alors vous brinquebalez dans l’escale de votre dernier refuge, cette scène où se jouent l’acte, le dernier.

Ensembles,
vous partirez.


Rinne pousse la porte de l’appartement. Il y a de la nausée sur le bout de ses dents ; elles grincent en silence. Des crépitement, vibrations étranges. Les corps se sont mélangés à leur façon, il n’y a plus d’identité entre les deux garçons.

C’est un gâchis. Rinne a de la fumée noires qui flotte dans son esprit. Ce ne sont pas deux amoureux transits ; mais le résultat d’une expérience malfaisante. Elle sait qui. Et le secret doit rester ainsi.

Son corps frèle est mal assuré. L’odeur épicée a quelque chose de sinistre ; elle comprends enfin ce qu’elle a tant lut de livres de bouquins. Une chair qui meurt a l’agonie, a le parfum d’une décomposition qui vient d’un autre monde. Les ordres tournent dans sa tête comme autant de lignes de codes qui lui semblent impossibles. Elle ne se rappelle plus quelle force l’a poussée à revêtir une perruque et artificier son visage. Une sécurité qui lui semble bien dérisoire face au spectacle macabre. La vie ne tient qu’à ça : une pilule. Elle compte sur ses doigts des nombres qui n’ont pas de sens, comme pour se donner contenance. Le coup de fil a déjà été passé. L’homme de la situation ne doit plus tarder. Du fond de son être, la jeune fille souhaite qu’il soit prompte, pour ne pas la laisser seule dans ces décombres.

Du sang, elle en a vu. Elle en a sentit sur sa langue, couler dans sa gorge. Mais il lui était propre ; il avait un quelque chose de familier qui inspirait presque la confiance, et quelque part, sous la douleur et les crispements, restait cette sensation d’être encore entière, de pouvoir comprendre. Elle a déjà détourné les yeux du salon repeint dans un camaïeux veineux. L’épreuve est de taille. Ils ne lui ont pas mentit. Un an que la déchetterie est devenue son logis : au sein de ce qui la répulse, Rinne doit à présent grandir. Des notes de papiers lus à la volée lui rappellent ce qui est réellement en train de se passer. Des grammes chimiques maléfiques, qui transposent l’être humain en une bête qui n’a plus rien du sens commun. On est au-delà de l’animal ; par-dessus les logiques psychiques et physiques. Du déni de réalité, et l’expression d’un potentiel qui a toutes les raisons d’être muselé.

Le sol était un bois laqué. Elle ne sait plus si ce qui brille est une hémoglobine bientôt séchée, ou le revêtement du parquet. Elle ne veut pas savoir, au fond, elle s’en fout. Mais l’esprit a toujours besoin d’un support pour réchapper à la réalité quand elle devient trop sinueuse. Qu’elle vous tombe en trombe sur les bras, comme le poids de maux qui ne vous appartiennent pas. Il s’agit de faire ses preuves ; pour quelque chose qu’elle ne désire même pas. Un piège éternel sur lequel ses meurtrissent ses doigts, qu’elle ronge, jusqu’à la moelle. Il est minuit et demi. La nuit est d’un noir aussi profond que l’espace sous ses pieds. Elle ne sait pas qui va venir ; elle ne veut pas l’imaginer. Que pourrait-il arriver de pire ? A elle qui ne connaissait qu’une façade tronquée de la réalité.

L’espace numérique lui inspire bien des regrets ; de faux pas qu’elle pensait intangibles et qui à présent réclame une pitance. Payer ; payer pour ce que tu as fait. Le crime est simple : il est d’avoir trop rêvé.

Il n’y aura plus de douces nuits à présent.

Elle jette un dernier regard en silence à la scène déliquescente. Comment l’anatomie peut-elle à ce point se fondre dans le décor ? Une bouillie, de griffures et de hargne. Elle inspire un bout coup, et l’odeur lui soulève le corps. C’est comme aspirer la mort elle-même, le froid supposé en moins. Mais il s’agit de se calmer. Rien ne sert de se lamenter sur ce qui a tout jamais est perdu.

Un bruit à l’horizon redore quelque part l’atrocité : il ne devrait plus tarder.

Et les sanglots qui brulent tes yeux ont gonflés tes paupières,
j’y vois naitre des bleus



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Tokyo baigne de mille phares. Est scindé d’autant de cris.
La nuit est l’instant rêvé pour les prétendus poètes. Un sursis de la réalité, une chance rêvée de se soustraire à une réalité menaçante. L’abstrait est envoûtant, il offre l’opportunité, appelle aux émotions plus pures. Donne un semblant de contrôle. Ce n’est que l’affaire d’une seringue, d’un comprimé peut-être. Un accès immédiat à la vie rêvée. C’est une histoire du petit peuple, une fable perpétuée au fil de la vie. Que tout est accessible si on n’y met assez d’efforts. Que la seule limite est celle que l’on s’impose. Puis vient la réalisation. Tout le monde n’est pas égal. Alors on blâme la réalité.  La société. On s’abandonne à une illusion réconfortante, chaleureuse. L’histoire dont on est le héros. Encore et encore. Toujours plus. Puis, comme de rien, la vie rattrape les âmes égarées. C’est la sortie de route. Et de l’âme qui s’échappe en une dernière plainte. Du faible écho qui fait vibrer l’air ne résulte qu’un triste constat. L’échec. Pauvres jeunes étourdis idolâtrant la pharmacopée. Tenant le comprimé en qualité de messie. De ces prières arrachées à leurs mains moites, ils finissent par y trouver le répit. Et c’est l’abîme.

L’entente était formelle. Ce soir, le sauveur ne serait pas un héros. L’avait-il seulement déjà été? Des relents de mémoires tendaient à croire que si, mais ils ne subsistent qu’en de demi-vérités, son revers de médaille favori. Il avait attendu que l’argent soit versé dans son compte, suivant les compliments de l’acheteur.  Oméga a fait une bêtise. Rien qu’il n’avait jamais vu. Beaucoup de charogne. Le risque à prendre en essayant de déifier de nouveaux prophètes. Les employés contactés, ils devaient se rendre au lieu indiqué, épicentre de la tourmente du moment.  Trois heures étaient la limite qu’il s’était imposée. Il ne souhaitait pas perdre son temps plus que nécessaire. Articulé, il donnait des ordres à coup de téléphone, impassible. Véritable statue de marbre, il ne bronchait ni à l’idée d’être confronté au sordide destin des réprimés ni à l’idée de rencontrer la cliente en question. Il était l’élément en contrôle. Tokyo bougeait autour de lui, lui cédait sa place pour qu’il puisse orchestrer  son plan. Dévalaient de chaque côté édifices, rues et vie nocturne. De la métropole qui s’éteignait doucement en prévision du lendemain, tout défilait en contrastes de noir et de rouge. Imperturbable. L’adresse correspondait à celle affichée sur son téléphone. Il ordonna à un homme d’attendre les nettoyeurs. Deux autres l’accompagnaient. Son pas était régulier, fort. Marquait la cadence. Un brin angoissant, au fur et à mesure qu’il s’approchait. Il n’allumerait pas de cigarette avant d’avoir attesté de l’état des lieux, mais ses lèvres le démangeaient. Sa gorge le réclamait, ses poumons imploraient. Ses doigts parcourus de microspasmes anticipaient l’approche. Il y avait quelque chose de vindicatif dans son pas, acolytes marchant à l’unisson comme d’un phalanx ordonné. Il poussa la porte de l’appartement après avoir cogné prestement, signifiant son arrivée.

L’odeur était manifeste, la vision suivit de près. Il y avait une odeur de vinasse, puis des composés soufrés. La putréfaction s’étendait dans toute la pièce, condensée en un miasme nauséabond. Un soupir s’égare. Il aurait préféré que ce soit autrement. Une remarque de l’un des hommes fait sourire son comparse, mais Monsieur demeure sérieux. Des trois corps, le seul debout devait appartenir à la cliente. La charogne était informe, sans doute peuplée par les insectes. De ce qui restait des corps, il n’y avait que très peu qui servait de rappel à leur forme de jadis, peut-être cet amas de cheveux flottant sur un scalpe. Des os retenaient des bouts de chair aux tons de brun, vert et noir. Suffisamment de rouge noirci, à l’aspect de goudron. Visqueux, comme le démontrait une semelle de soulier un peu trop aventureuse. Un nouveau soupir de l’acolyte. Les chaussures étaient neuves.

«Très bien. Vous devez être Rinne. Enchanté. Appelez-moi Monsieur. »

Une poignée de main. Aucune mention du temps qu’il avait mis à se rendre. Elle était en avance. Il n’était pas en retard. Logique indiscutable.  Son regard était perçant, mettait le rapport d’autorité en place. Pas de sourire, cette fois. Pas ce soir. Il aurait pu être ailleurs, avec quelqu’un d’autre. Il traversa la pièce de long en large, pris conscience de l’étendue des dégâts.

« J’ai eu vent de la situation. Ceci dit, j’aimerais avoir autant de détails que possible. Le pourquoi, le comment. L’histoire. Je suppose qu’il s’agit d’un événement  auquel Oméga n’est pas lié et vous n’étiez pas présente ce soir. Qu’attendez-vous d’autre de moi?»

Ce n’était pas vraiment une question. Elle ferait ce qu’il lui dirait, point final. Sauf qu’il avait besoin d’un contexte faisant plus que quelques bouts de phrases envoyées à l’arraché par messagerie texte. Un coup d’œil vers sa montre; Monsieur est un homme pressé.

« J’ai environ trois heures à vous consacrer, lesquelles devraient être amplement suffisantes si vous faites ce que je vous dis quand je vous le dis. »

C'était ce qu'elle valait pour lui. Trois heures de son temps. Sauf qu'il était beaucoup trop poli pour le dire.
Rinne
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Rinne
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Sur la peau de diaphane,
des vaisseaux nécrosés.

13 janvier 2016, 00h43




Je vais donner un peu de moi-même
donne-moi cette pommade.


Il y a un bruit sur la porte : celui d’une main qui claque brièvement. Elle s’entrouvre, et découvre Rinne placidement suspendue dans l’espace et le temps : droite, vide. Comme le cœur de ces pauvres gens. L’homme dans l’embrasure de la porte souffle ; elle se dit qu’il soupire comme on s’irrite d’un mouton de poussière sur un joli habit. Elle, elle ne dit rien. Elle écoute le bruit du silence : les ondes indicibles de son nouveau prince charmant. Un second soupire, et un regard lancé dans l’obscurité sur des chaussures qui luisent. Autant que le parquet d’hémégolobine, ce nouveau tapis de chair pourrie.

« Enchanté. Appelez-moi Monsieur. »

Enchanté. Elle a envie de rire, doucement. Peut-on être enchanté, vraiment ? Sans doute aime-t-il son boulot. Elle lui trouverait presque de la chance. Dans la lumière nocturne, elle ne le perçoit pas bien. Ses yeux se contentent de viser dans sa direction, comme ils le font depuis quelques minutes maintenant. Sa main entre dans la sienne. Le contact lui donne un peu de dégout ; qu’elle ne s’explique pas vraiment. Ce n’est pas humain, se dit-elle brièvement. Ce n’est pas humain. Elle l’observe observer. Comme une mise en abime d’un tableau délabré. Et sa voix autoritaire reprends. Une voix d’homme. Rinne si jeune.

« Je suppose qu’il s’agit d’un événement auquel Omega n’est pas lié et vous n’étiez pas présente ce soir. »

Mais oui, et de quoi parle-t-il ? En réalité, ce ne sont pas que des formes : Omega n’est véritablement pas lié au désastre. C’est un fou, misérable, qui a foutu sens dessus dessous l’espace ordonné de leur admirable travail. Admirable ; quel mot dégueulasse. Monsieur est réveillé, tandis que Rinne flotte. Elle sent que quelque chose s’en va peu à peu : c’est sans doute son âme, ou le firmament des étoiles. La lueur qui vous tiens agréable ; parfois aimant. Elle écoute ses paroles qui ont quelque chose de méprisant : et pourtant, rien de tout cela ne l’atteint vraiment. Elle y pense à peine ; tout juste perçoit-elle autre chose que les mots et leurs sens. D’extérieur, ce n’est pas que Rinne est hébétée : elle est juste blazée, infiniment inexpressive. Peut-être n’existe-t-elle pas finalement. Peut-être est-elle juste une poupée, un mannequin, posé dans la scène de l’atroce comédie du Marquis.

Aller droit au but. Énoncer les faits. Simplement. Aussi cru que la température ambiante.

    « Ces individus ont ingéré du GBZ100. C’est une drogue dont les effets sont les suivants : pertes de la notion d’individualité, augmentation de l’adrénaline, dissociation de la réalité, agressivité, cannibalisme, spasmes, transes, et lente nécrose des organes internes. La mise en vente a été réalisée il y a une semaine, sur un échantillon d’une quinzaine de clients. La liste des adresses se trouve sur ce papier. »

Elle lui tends sobrement. Dans son regard : rien. Le néant. Dans sa main, une feuille blanche pliée en deux. Une sobriété de mouvements et d’étapes : quelque chose d’important. Sa voix est mécanique ; plate : c’est ainsi qu’elle doit rendre hommage.

    « En restant dans les règles, il faut une moyenne de quatre-vingt-six minutes de transport, tout type, pour accéder aux différentes localisations l’une après l’autre. La durée des opérations en elle-même dépends de vous. »

Rinne ne connait pas cet homme ni ses méthodes. S’il pense que le temps peut s’évaporer dans la poigne de sa main ; qu’il en soit ainsi : elle, regarde les faits, la réalité, sans magie. Et s’il doit bâcler le travail pour tenir dans son temps, il lui sera compté. Autant partir accompagnée.

    « Il s’agit d’effacer toutes traces de cet évènement et de ces individus. Qu’ils disparaissent dans le néant pour toujours, comme toute piste d’enquête à naître. » Il y a un écho dans cette éternité présumée. Comme une profondeur, celle d’une grotte. « Vous trouverez des fiches consacrée à chacun des sujets dans ce dossier. Un état des lieux concernant leur travail, leur famille, leur origines, et éventuellement quelques habitudes. »

Les camés ne sont pas tous les échoués d’une dérive omnisciente. Rinne, y’a du chagrin secret. Rien qui lui permette d’exister à la surface du monde, mais tout au fond de ses entrailles, sous Rhyme qui s’est mis en marche, y’a cette colère insatiable et cette tristesse qui la ronge. Les méthodes du démon ayant permis cette folie sont méprisables : elles jouent avec la vie d’autrui comme d’un tube à essai en plastique.
« Des privilégiés ». C’est le mot duquel il les désignait. Des clients particuliers, accros, désespérés, a qui il assurait toute exclusivité sur ses nouveaux dérivés. « De la cam à vous faire dériver jusqu’au plaines sacrées. ». Tout ça, c’était du chiqué. C’était vendre de l’importance à des gens trop seuls, trop dévalorisés. Aux rébus du système Japonais, qui assassine ce qui est inutile. Cet enculé distribuait des bougies : de la chaleur et un peu de lumière pour éclairer leur nuit. Et quand la flamme s’embrasait trop, c’était finit : son tube a essai était pourri, il suffisait de le jeter puis…
Puis tout avait débordé. Le tube a essai. Les cadavres empilés. Tout avait commencé à enduire les rues de l’odeur rance du malin et de la défaite. Finalement, le vacarme de l’agonie avait fait taire le silence : les flics avaient commencés à ouvrier de nouvelles pistes jusqu’au marché des errances. Dans la folie : le bruit ; et dans le bruit, des aveux. Omega avait décidé d’agir, de nettoyer ce qui avait fuité, d’étouffer les jappements de leur enfant maudit.
Pas de pitié pour ceux qui mettent en péril le fruit de leur profit.

    « Je dois m’assurer de vue que les papiers que je vous ai donné sont détruis une fois que vous les avez lut. Aussi les brulerais-je en votre présence. »

Rinne, dans un regard sans teint. Elle veut juste en finir vite ; mais elle ne le dira pas. Elle ne te pressera pas ; elle t’exposera même, juste avant, l’impossibilité qu’il y a a déjouer le temps. Que les choses soient bien faite.

    « Ensuite, je me tiendrai à votre disposition. »

Parce que malgré tout, oui, elle t’a écouté.
Elle préfère peut-être t’entendre, ça évapore les étranges succion des chairs qui s’étendent.

C'est pas l'heure, c'est la fin.
Tu mens


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Le grotesque habitait l’appartement, désignait ces amas de chair en guise de figure de proue. Monsieur souriait toujours, même en dépit de l’odeur. La mort avait cette emprise sur l’homme. Si l’on se trouvait dans l’incapacité de lui sourire, ne lui donnait-on pas raison? La jeune femme parlait beaucoup. Elle se voulait professionnelle, mais sa propension à vouloir lui dire quoi faire lui avait arraché un haussement de sourcil dubitatif. Elle parlait vite, possédait un esprit de synthèse somme toute adéquat, mais elle n’était pas à l’aise. La mort l’affectait, tout comme son humeur.

«Calmez-vous, il n’y a pas mort d’homme.»

Une boutade dont lui seul en avait le secret. Qui ne sembla pas arracher de rire de ses compères et Monsieur prenait en pitié leur manque cruel d’humour. Sauf qu’il croyait réellement ce qu’il venait de dire. Avec la description qu’elle lui avait fait, ces corps putrides n’étaient rien de plus que de la viande rassie, autrefois dotée de conscience. Du bétail avec peu de volonté qui, au final, aura marché lui-même jusqu’à l’abattoir. Il n’y avait rien de particulièrement triste, sauf peut-être pour un adepte du véganisme.

«Dites-moi…Riné, c’est exact?» Il avait eu l’information au préalable, mais préférait vérifier avec la principale concernée. « Est-ce que vous vous sentez mal à chaque fois qu’un figurant meurt dans un film? »

Il se frotta le menton en s’approchant des cadavres, laissant la cliente derrière lui. La question demeurerait en suspens, sauf qu'elle était surtout rhétorique. L’odeur prenait à la gorge, mais il ne bronchait pas. Quelle horrible substance. Il aimait imaginer que les individus cherchant absolument à mourir accordaient une certaine attention à la poésie du geste. Avaler ou s’injecter n’importe quoi relevait d’un pathétisme accablant. Il tapa dans ses mains, se tournant vers elle dans un geste vif et souple. Un sourire charmant et complice en prime.

«Bon. Avant de s’égarer davantage, j’accepte évidemment vos conditions, je n’ai rien à redire dessus. Vous êtes la cliente, après tout. Je conçois évidemment que vous désirez un travail bien fait, ce que je m’appliquerai à vous offrir…»

Son regard devint soudainement sérieux.

«…Tant et aussi longtemps que les étapes à venir fonctionneront selon mes règles. En ce qui me concerne, l’argent est déjà déposé. Si quoi que ce soit venait à aller à l’encontre de mes valeurs ou de mon intégrité, je suis en droit de me retirer de l’opération. Voilà mes conditions, normalement vos supérieurs sont déjà au courant.»

Il fit un signe à ses employés qui sortirent de l’appartement dans un mouvement ordonné et symétrique. Monsieur, tel un véritable chef d’orchestre, venait de débuter la séance. Il récupéra le dossier, le feuilleta rapidement. Des informations inutiles, pour la plupart. Il demeura silencieux, concentré à analyser la situation qu’il avait présentement entre les mains.

«À en voir l’état des corps et en supposant que les autres sont dans un état similaire, il sera difficile de trafiquer la cause de leur mort pour la faire passer comme accidentelle. Faire disparaître toute trace de leur existence demeure le moyen le plus efficace de faire abandonner les recherches. Je peux effacer les traces d’activité récente avec ces informations, mais vu la quantité de cadavres, ce sera d’autant plus suspect. En se contentant de les faire disparaître, les autorités trouveront l’affaire louche, mais au final cela ne fera qu’alimenter les théoriciens du complot sur les forums de discussion. Ils lâcheront l’affaire assez vite, faute de pistes.»

Les employés, toujours à pas feutrés, se déplaçaient maintenant dans l’appartement, vêtus de leurs combinaisons.

«Très bien tout le monde. Nettoyez vite et bien. Enlevez les gros morceaux qui traînent et les tâches de…de peu importe ce que c’est qui traîne au sol. Inutile de faire le nettoyage complet pour l’instant, il n’y a aucun intérêt à prendre le risque d’alerter les voisins à une heure pareille quand il n’y a pas eu d’activité dans l’appartement depuis quelques jours déjà. Demain vous reviendrez avec l’équipement pour vous assurer qu’il ne reste plus une trace d’ADN. C’est à vous de jouer.»

Il se dirigea vers la sortie, invitant la cliente à le suivre. Déjà, on ramassait les cadavres et entreprenait le nettoyage. Ils agiraient ainsi de résidence en résidence, jusqu’à ce qu’ils soient tous emballés et prêts à être disposés. Cela représentait la phase un. Il se tourna vers Rinne, lui redonnant le dossier qu’elle lui avait transmis, si elle souhaitant tant que cela s’en débarrasser.

«Vous êtes consciente qu’il vous faudra vous débarrasser de vos vêtements et passer à la décontamination, n’est-ce pas? Je me doute que vous ne souhaitez pas vous retrouver avec des morceaux de vos anciens clients sur vous.»
Rinne
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Rinne
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13 janvier 2016, 01h08




« Calmez-vous, il n’y a pas mort d’homme. »


Lorsque la voix claque dans l’air, claque malgré elle, Rinne ne saisit pas trop. D’une part ce qu’il peut y avoir de judicieux à faire ce genre de remarque ; d’autre part de quel calme ou de quelle tempête il peut bien s’agir. Est-ce que quelque chose se reflète sur son visage placide ? Quelque chose d’impromptu, qu’elle-même est incapable de saisir au vol de leur face à face ? < Il n’y a pas m o r t d’homme >. L’absurdité du constat lui rappelle quelqu’un qu’elle n’aime pas. (-vraiment, pas-). Mais il n’est pas question d’aller discuter avec ses démons maintenant. Pas question d’ouvrir des placards supplémentaires d’affect et d’entremêlements. Rinne est a mille lieux de se figurer qu’il puisse s’agir d’une forme d’humour.
Pour elle, il s’agit de… Se tenir a disposition de l’instant. Quand bien même son esprit semble vouloir s’éloigner le plus possible des impressions qui la raccroche au monde et à l’ineffable réalité de sa situation. Désespérée ; et Désespérante.

« Est-ce que vous vous sentez mal à chaque fois qu’un figurant meurt dans un film ? »

Ses yeux clignent peut-être plus vite qu’à leur habitude, sous l’effet de surprise. Est-ce une moquerie ? Une tentative maladroite et inutile de verser dans de la psychanalyse ? Quelque chose l’énerve chez ce type. Ces parallèles, ces présuppositions… Pouvait-on vraiment rapprocher de quelque manière que ce soit la fiction d’un décès à son empreinte immuable ? Car tous ses sens en alerte lui hurlait que la scène était vraie, véritable : rien de faux, tout de terminal. N’était-ce pas injuste, d’associer deux états d’entichement si démesurément éloignés l’un de l’autre ? Ou alors avait-il promu la représentation même du fait (celui de la mort), sur son inscription dans le monde. Pas de pragmatisme ; au diable les contextes.

Quelque part ; Rinne avait dut être piquée à vif. { Ce retour à une fierté primaire était plus un cadeau qu’un poison }

Monsieur quitta son champ de vision et elle s’accorda le droit de froncer les sourcils ; au moins juste un peu. Qu’il pense ce qu’il veut de son état — ce dernier devait, en effet, transpirer sous la couche blasée des émotions de la veille — ; mais qu’il ne laisse pas fondre par dessous ses paroles son… Venin. ? Décidément ; l’image de cet autre salopard ne souhaitait pas décoller de sa rétine invisible.

Lorsqu’il revint vers elle ; quelque chose d’intangible avait changé. Peut-être était-ce les mêmes détails significatifs qui séparent nettement une introduction d’un discours.

C’était un enchainement de phrases claires et calmes ; voix maitrisée ; esprit sans embruns. Les mots de Monsieur se plaquaient parfois aux inspirations de Rinne, qui luttait bon gré mal gré contre l’odeur pestilentielle dont était embaumée les lieux.

Puis son regard changea ; frontière finale entre une rencontre et la mise en application du travail.

« Si quoi que ce soit venait à aller à l’encontre de mes valeurs ou de mon intégrité, je suis en droit de me retirer de l’opération. »

Quelles valeurs ? Quelle intégrité ? Comment définissait-il de tels propos ? Rinne soupira ; forme de nonchalance inattendue même pour elle, dans le cadre de cette horreur. Mais son regard fut bientôt porté sur les automates humains qui s’étaient mis en marche, guidés du bout des doigts par leur maestro en puissance. Elle s’attarda aussi sur les yeux de Monsieur, accaparés quelques instants par ses propres document. Rinne y décela une vivacité d’esprit et de lecture ; l’éclat brillant du fond de ses orbites semblant synthétiser sans aucune peine à mesure que les caractères s’enchainaient sous leur ombre.

Puis sa voix meuble ; sa voix que Rinne associait sans trop se l’expliquer à une avalanche de porte claquantes et fermes ; énonça sans se soucier d’un interlocuteur le déroulé des opérations. Rinne emmagasina ses paroles sans demander son reste, d’une oreille discrète mais d’un esprit vif.
Peut-être présageait-elle qu’un jour, ces informations lui serait utiles.

« Faire disparaître toute trace de leur existence demeure le moyen le plus efficace de faire abandonner les recherches. » « Au final cela ne fera qu’alimenter les théoriciens du complot sur les forums de discussion. Ils lâcheront l’affaire assez vite, faute de pistes.»

Une bonne connaissance du système judiciaire. De l’attention à la société et ses réseaux ; aux machines de communication et à leur capacité de modélisation du réel. Ingénieux ; fin ; Artisan. Rinne ne l’aimait pas vraiment ; mais son talent était incontestable. Elle l’écouta donner ses ordres ; constata la forme que la loyauté pouvait prendre ; là où son élégance avait des allures de mauvaise blague.

Puis comme un satellite en orbite ; l’informaticienne pris soin de suivre les pas du Monsieur qui revenait à la porte. Il lui tendit le dossier, que ses mains reprirent doucement.

« Vous êtes consciente qu’il vous faudra vous débarrasser de vos vêtements et passer à la décontamination, n’est-ce pas? Je me doute que vous ne souhaitez pas vous retrouver avec des morceaux de vos anciens clients sur vous. »

Consciente. C’était là encore un drôle de mot. Peut-être que Rinne virait dans une obsession sémantique. Peut-être que c’était ça, l’indice de l’empreinte laissée par les faits : sa tendance à entrer en psychose sur des menus détails. Pourtant significatifs. (Il suffit de prendre le temps du regard pour s’en apercevoir).
La décontamination. L’idée lui plaisait ; en fait. Il y avait tant de choses à nettoyer ce soir. Elle acquiesça d’un signe de tête respectueux. Quand supprimerait-elle son dossier ? Sur la route ? Le feu était-il une bonne idée ? Tout compte fait, maintenant, elle en doutait. Elle lui emboita le pas ; les hypothèses roulant comme des billes sur un fond de cale.

La nuit était fraiche ; c’était bien l’hiver. Rien de surprenant, et cette banalité avait quelque chose de difficile à avaler pour l’adulescente. L’homme la mena jusqu’à une Roll’s Royce dont la peinture luisait faiblement à la lumière des lampadaires électriques.

Ils y prirent place, tous deux passagers sur d’élégants sièges

Le silence de la route ; Rinne releva la tête vers lui, ses papiers toujours installé dans ses mains.

    « Qu’en feriez-vous si vous vouliez vous en débarrasser ? »

Elle sortit un briquet BIC de sa poche.

    « A vrai dire, je doute que ce briquet BIC fasse l’affaire. »

Un temps de combustion élevé, une odeur, de la fumée… On avait plus propre et moins compliqué. Elle reporta son regard sur les formes indicibles de l’obscurité ambiante. Puis se ravisa ; replongea sur l’anatomie et le faciès du Monsieur juste à coté d’elle.

Peut-être allait-il lui répondre. Peut-être même sans moquerie ; ni blague ; ni forme d’humour étrange et inappréciable.
Peut-être allait-il le faire.

Elle ne le saurait que plus tard ; car en l’instant, la voiture venait de piler au milieu d’une rue.


D'attente en surpprise
on ne sait jamais ce qui vaut

la peine.



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Il observait la jeune femme du coin de l’œil, proprement installé dans la voiture. Il n’était pas inquiet qu’elle le salisse; il s’agissait du modèle de l’année dernière. Ses clients se présentaient sous plusieurs formes, mais tendaient à se rejoindre en un même point, de par leur inexpérience. Ce n’était certainement pas pour médire, au contraire, la réalité semblait étrangement échapper aux membres de gangs. Après tout, c’est par leur inhabileté à gérer une situation donnée qu’ils justifiaient sa propre présence sur les lieux d’un crime si sordide. Elle était demeurée silencieuse avant de le questionner ou plutôt de demander son avis sur la façon de disposer d’un document compromettant. Il se trouvait attendri par le sérieux de la question, chercha à l’éviter avant de se résigner à lui répondre quelque chose, tout juste de quoi être poli.

«Eh bien, je ne sais trop quoi vous dire. Soyez créative, faites-vous plaisir. Ce que vous tenez dans les mains n’a aucune importance, personne ne vous en tiendra rigueur.»

Après tout, l’information ne se perdrait pas avec le dossier. Quelqu’un avait rédigé ce rapport, avant de l’imprimer. Cette personne l’avait lu, l’avait passé entre différentes mains avant de passer à elle, puis elle avait prise la décision de le lui montrer. Qu’elle le brûle à l’acide, le déchire ou le mange, ça ne regardait qu’elle. L’information, quant à elle, transcendait cette limitation physique.

La voiture s’arrêta dans un mouvement brusque, suffisamment pour lui faire froncer les sourcils. Quelle sensation désagréable. Avant qu’il ne puisse faire part de son indisposition, se regard se perdit au travers de la fenêtre teintée de la voiture. L’adresse concordait, mais visiblement quelques individus avaient une longueur d’avance. La police. Un soupir s’échappe, profond et lent. À qui devait-il cette fâcheuse surprise, maintenant?

«Prenez note, mademoiselle. De trop faire traîner vos morts peut entraîner des plaintes des voisins. Aucune réponse depuis des jours, confinement dans un appartement. Ah, les hikikomoris. Sauf qu’ils ont généralement la décence de ne pas sentir la chair rance. »

Il joint ses mains sur ses genoux, un regard vers son chauffeur par l’intermédiaire du rétroviseur et la voiture redémarrait dans l’instant même.

«Troisième adresse.»

Sans plus de cérémonie, la voiture continuait sa route, esquivant habilement le barrage policier autour du bloc appartement.

« Je ne sais pas ce que vous comptez faire, mais ce retournement de situation dépasse le cadre de mon contrat. Je peux cependant vous confirmer qu’il serait plus que judicieux de prendre une décision avant la fin de la prochaine visite. »

Il ne doutait pas de son habileté à fonctionner sous pression. C’était une de leurs plus grandes capacités. Ils étaient tenaces, parfois au point d’en être inutilement téméraires. Il pouvait excuser la jeunesse, mais bien souvent cette témérité rimait avec déception. Quant à lui, tout le reste demeurait selon les plans. Si elle souhaitait son aide, ce ne serait pas sans ajouter quelques liasses sur la table. Ce n’était pas de sa faute après tout. Il se tourna vers elle, tentant de discerner une quelconque impression sur son faciès.
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