Le soleil venait à se coucher sur l'horizon, derrière les buildings de la ville qui vivait à travers les cycles de l'or. Le corbeau se levait à peine et il commençait déjà à se préparer pour ses affaires de la journée, il se rendit dans sa cuisine, mettant de l'eau à chauffer tout en préparent son thé du matin, ça sera au Gyokuro cette fois-ci. Il prit place à son bureau, prenant soin d'ouvrir ses volets avant tout en préservant l'obscurité habituelle en fermant les rideaux laissant néanmoins la lumière rosée du soir entrer dans son chez lui. Il ouvrit son carnet, observant les rendez-vous et autres boulots qu'il avait à faire aujourd'hui. Il tira un de ses tiroirs où il récupéra son cannabis, des feuilles et son tabac, il roula un pétard plutôt bien chargé avant de l'allumer. Première inspiration, le poison passa doucement dans sa gorge qu'il recracha peu de temps après, mauvaises habitudes, délires du quotidien, s'envoler.
Il regarda son carnet et devait se rendre aux alentours des dix-huit heures dans un lieu qu'il connaissait à peine, rejoindre une fille qui lui avait promis de faire des miracles. Notre corbeau n'était guère friand des nouvelles technologies, perdu dans cet amas de nouveauté avait un vieux téléphone à clapet qui hélas n'était pas suffisamment performant pour rivaliser avec les smartphones qui parsemait la vie des habitants de cette ville et d'une bonne partie du monde en réalité. La jeune femme lui avait prêté un téléphone tout neuf, un appareil qui pourtant semblait très étrange à ses yeux et il ne comprenait absolument pas comment cela pouvait fonctionner. Un écran sur lequel on appuyé pour lui faire faire des actions, incroyablement effrayant, non pas qu'il n'appréciait pas, simplement qu'il fût étranger à ce genre de manipulations étranges. Lorsqu'il eu enfin terminé son pétard, il se leva pour prendre sa douche, puis se prépara pour sa sortie.
Il s'habilla simplement, un jean noir, un débardeur noir, une longue veste grise, des lunettes de soleil opaque afin d'éviter les regards disgracieux sur ses yeux, sur sa peau chargée d'encre tout aussi sombre que son accoutrement. Il était prêt à descendre encore une fois dans les rues peuplées par les étranges êtres de cette ville pleine de vie. Il récupéra le téléphone qu'on lui avait prêté et il descendit les escaliers de son immeuble, prêt à rejoindre cette doctoresse mécanique, elle qui de ses doigts habiles était capable d'effectuer des miracles sur des cerveaux informatiques composé de technologie bien trop complexe pour notre oiseau. Son téléphone était quelque chose d'important pour son travail et il ne pouvait le laisser brisé, meurtrit par sa vieillesse. On garde les humains en vie en changeant des organes, en changeant les composants de leurs humanités, qu'en est-il pour les petits objets du quotidien ? Ses artefacts étranges prônant la communication entre êtres vivants. Il marcha en direction Akihabara.
Il arriva ( enfin ) devant l'immeuble ou se tenait le médecin des ordinateurs et sonna. Il attendit. Avait-elle réussi à résoudre le problème don son vieux téléphone ? Il l'espérait sincèrement. Petit objet vide de vie, sans lequel on ne peut plus vivre.
Tu haïssais ces journées, de celles où la réalité t’affrontait. Il y avait l’investisseur, le chef de projet et le concepteur, et ils t’obligeaient à vous regrouper dans un café huppé de la capitale. Tu haïssais ce genre de claque sèche, brutale—te rappelant un monde auquel jadis tu appartenais et désormais insinuait les givres au fin fond de tes artères. Il y a des jolies filles. Des filles branchées. Des filles maquillées. Des filles mignonnes. Des filles typiques. Des filles qui fille. Et, sans échappatoire, de beaux hommes. Des hommes huppés. Des hommes habillés. Des hommes fitnessés. Des hommes attirants. Des hommes qui jamais n’omettent.
Régulièrement, tu les oublies. Du moins t’essayes avant que des mains ne te plongent dans une abysse de néant, nostalgie et regrets. T’aurais peut-être dû essayer, être un peu mieux, un peu plus propre, un peu plus sociétale, un plus normale—et t’as honte. Ce qui est rare parce que tu ne te soucies guère des œillades curieuses des usagés des réseaux de transport, mais, clouée sur place, soudainement, tu n’as pas l’impression d’être à ta place. Calvaire, les secondes paraissaient des heures et ton anxiété les a rendues millénaires.
Malencontreusement, t’as presque oublié que d’autres affaires t’attendaient. Un flash s’est insinué dans l’oreille droite pour transpercer ton cerveau avant d’atteindre la gauche. Oui, tu t’en souvenais. Un vieux téléphone à clapet. Intéressant, tout le monde préférait le neuf, le technologique, mais pas ce client. Il semblait maintenir une relation profonde avec cet appareil démodé, presque ironique. Tu les aimais aussi, ces téléphones—ils exhumaient des souvenirs profonds d’une époque où tout paraissait si simple.
Le temps de rentrer, de mettre en œuvre les techniques yoga de relaxation ne t’aidant en rien et d’une douche sans chaleur, la sonnette retentit dans ton sanctuaire. Le clapet en main, tu as dévalé avec nonchalance les escaliers—si auparavant tes talons résonnaient, désormais ce sont tes claquettes chaussettes qui claquent dans le hall.
A travers la vitre salie, tu reconnais ton client. À vrai dire, il était difficile à oublier. Son apparence atypique te faisait oublier l’espace de quelques minutes que, toi-même, tu étais un spécimen. Tu ouvres la porte du hall, le vent annonçant l’arrivée imminente du printemps s’infiltre dans tes narines. Face à ton client, tu dis. — Bonjour, pardonnez-moi de vous avoir fait attendre. Excusez-moi, je n’ai pas encore dîner, serait-il possible de poursuivre notre entretien dans un restaurant ?
hrp pardon du retard ;; et pleins de bisous quant à ton problème d'ordi, je compatis, rien de plus rageant. du love et des good vibes ♡
Derrière la porte, patient il attendit. Le ciel était toujours aussi rosé, toujours dans ses tons agréables annonçant une fin de soirée. Furtivement, derrière la vitre le corbeau aperçu le regard un peu rapide, un peu pressée de la jeune doctoresse. Elle ouvrit la porte. Elle dégageait quelque chose d'agréable, une aura étrange, mais non pas étouffante. L'oiseau qui pourtant avait particulièrement de mal avec les autres et ceux, de façon générale semblait néanmoins apprécier cette jeune femme qui derrière sa crinière sauvage d'un noir intense cachait ce visage fort et courageux qui venait entrer en harmonie avec ce regard profond. Elle lui proposa de continuer leur rencontre dans un restaurant. Il n'appréciait pas les autres, pas les gens, toute cette masse de population entassée les uns sur les autres, s'étouffants mutuellement rongé par cette cupidité, dans cette société où rare son ceux qui s'extirpent d'un système aussi collant qu'une toile d'araignée.
La jeune femme semblait néanmoins peu ouverte à une réflexion de ce genre, et visiblement, elle avait déjà décidé d'y aller. Le corbeau laissa placer un silence monotone, un peu lourd, juste le temps de sa réflexion. Il regarda autour de lui, ils étaient en semaine, donc moins de gens seraient présents, moins de regards dérangeant, moins de personnes insistantes, juste un peu de calme. Alors, il fit rouler ses yeux tatoués sur la jeune femme.
" Bonsoir. "
Il soupira. Lui, qui pensait que cette soirée était déjà terminée, dans sa tête le chemin, était simple. Il sonnait, elle lui aurait ouvert, ils auraient discuté pendant maximum une heure, elle lui aurait rendu son compagnon malade, il l'aurait payé et tout était fini, terminé. Un échange cordial, un passage rapide comme un fantôme. Mais non, tout était décidé autrement, tout était fait pour que le temps soit plus long. Il venait de se réveiller, il était déjà éclaté par son poison le rongeant de l'intérieur, déjà monté dans son cerveau. Une escale dehors à traîner avec une nana qu'il ne connaissait pas était envisageable, mais pas dans un restaurant, pas dans un endroit si carré, si sérieux.
" Pas de restaurant. (T'es trop froid, trop autoritaire. )Enfin... Je préférerais quelque chose à manger en vitesse et qu'on aille dans un endroit plus agréable. Comme .. Un parc ? " (Elle va croire que tu la dragues. )
Il passa le bout de ses doigts sur son front, comme s'il venait de se rendre compte que cette proposition pouvait être très mal comprise. Il soupira, il n'allait pas revenir sur ce qu'il avait dit, il avait toujours autant de mal à parler, à dire des choses. Tout sonne comme une fausse note dans sa bouche, tout est cassé, il n'est pas accordé. Cet oiseau avait besoin d'être réparé. Secrètement, il espérait que la jeune femme n'allait pas lui tenir rigueur de ce genre de maladresse, de cette manière peu habile d'exprimer ce qu'il pense. Il était un peu impatient de savoir ce qu'était devenu son vieil objet, son vieux téléphone, avait-elle réussi ? Il n'en doutait pas vraiment. Si elle était capable de réparer des outils aussi sophistiqué que ses téléphones dernière génération, alors elle n'aurait sûrement pas eu une seule difficulté pour s'occuper d'une antiquité comme le sien. Il espéré simplement que tout allait bien et qu'il pourrait l'utiliser comme bon lui semble, comme avant.
Il t'arrive de temps à autre de te croire businesswoman, être quelqu'un au sein de cette société, mais tu divagues, Tora. Tout au long de ta existence, tu as tant convoité cette place—et tu es tombée de si haut—que ton esprit déconne. Tes clients, ce sont pas vraiment des clients, car le terme est réservé à ceux qui dealent et ceux qui serrent des mains. En coup de vent, il y a cette vie d'antan qui ressurgit, qui se délivre du fin fond de ton inconscient.
Sur le coup, tu as décidé que tu n'avais peut-être pas faim, c'est pas comme si sauter des repas t'était inhabituel ; la mince peau collée contre ta structure osseuse en témoigne. À vrai dire, cette invitation avait été prononcée pour ne pas avoir à faire monter quelqu'un chez toi.
Ton client n'a pas l'air enchanté par la proposition—ça le met au pied du mur—tu réalises ton erreur.
— Si vous préférez, oubliez le repas. Cependant, l'idée de vous rendre votre téléphone et d'échanger de l'argent en pleine rue me déplaît un peu.
Un doute te prend, tu as l'impression de te contredire. D'emmerder le monde avec ces propos fluctuants. À croire que toute l'assurance artificielle t'habitant s'est dissipée dans l'air, rien qu'aujourd'hui. Des mains s'agrippent à ton dos et le remontent—pas besoin d'un dessin, les paumes de ton anxiété attraperont tes épaules et t'emporteront au travers d'une nuit atroce—mais pour l'instant, tant bien que mal tu ravales ce sentiment.
— Alors si aller jusqu'au parc ne vous dérange pas ou juste se déplacer dans mon hall d'entrée…
T'espère qu'il n'aime pas être confortablement installé. Que ses propos trahissant un certain empressement soient vrais. Certains pensent que les peaux encrés sont malhonnêtes, pas toi—il ne ressemble qu'à un individu poli et pressé qui, lui aussi, n'aime pas perdre son temps avec des personnes de passage—alors il paraît véritable.
Au fond, il n'est qu'un type souhaitant récupérer un téléphone ; c'est pas comme s'il allait te kidnapper et revendre tes organes.
hrp la douceur du morceau que tu as mis avec ta réponse purifie mon âme fatiguée (merci de me faire découvrir cette chanson!!)
En réalité, c'était un peu bizarre, cette femme était étrange dégageant quelque chose d'étrange. Ça n'était pas désagréable et le corbeau s'en voulait un peu de lui avoir parler sur un ton aussi autoritaire même si cela n'était absolument pas ce qu'il désirait faire. Visiblement, cette femme avait l'air d'âtre aussi perdue que lui dans les relations sociales, du moins c'est ce u'il ressentait. Ça l'amusait un peu de savoir qu'une personne lui ressemblant sur ce point aurait pu exister un jour. La doctoresse exprima qu'elle n'était pas spécialement pour l'idée d'échanger les téléphones contre de l'argent en pleine rue, ce qui était tout à fait compréhensible. On aurait pu la prendre pour une dealeuse et l'arrêter, l'oiseau avec et c'était hors de question. Pas d'arrestation sans avoir fait quelque chose, sinon ça n'était pas du jeu. Il fit un hochement de tête simple afin d'exprimer son accord avec l'inquiétude de cette femme.
Un léger silence s'installa doucement entre les deux protagonistes. Elle semblait hésitante, un peu stressée un peu perdue, c'était peut-être le cas, il l'ignorait. Ce qu'il savait en revanche, c'était que ses pétards, fumés avant de venir, commençaient à lui monter au crâne, à embrouiller un peu ses pensées et sa vision, c'était comme si autour de lui, tout paraissait un peu plus calme qu'à l'accoutumé. C'était agréable alors, l'oiseau soupira, non pas d'ennui ni d'exaspération, mais juste pour se rappeler qu'il existait bel et bien maintenant tout de suite, que tout autour de lui vivait quand même. Une douce brise parcourra le long de son cou, et le cadre prenait une dimension un peu plus étrange. Un mec bizarre aux habits anormaux, à la figure presque androgyne et à la peau marquée d'une encre noire devant une jeune femme de carrure moyenne aux longs cheveux d'un noir intense et d'une fébrilité non-dissimulable. Tout deux face-à-face dans un faux silence parsemé de klaxon et de bruits de pas dans une rue pas si peuplée.
Elle reprit la parole, extirpant notre ami de sa légère rêverie. Elle lui proposa deux choix, aller au parc ou tout simplement pénétrer dans son hall d'entrée. Étrangement, le corbeau arqua un sourcil. Cette jeune femme était un peu inconsciente de faire rentrer quelqu'un comme lui chez elle. Elle qui visiblement n'aurait rien pour se défendre si ce dernier profitait de cette occasion pour lui causer du tort. Il aurait voulu lui dire que c'était un peu dangereux, un peu fou, mais il préféra ne rien dire, ne pas l'inquiéter, ne pas la perdre dans un stress inutile. Il n'était pas là pour la kidnapper ais pour récupérer son vieux téléphone à clapet qu'il chérissait un peu même s'il ne se l'avouait pas. Elle tourna les talons, l'invitant à la suivre et c'est ce qu'il fit. Lorsqu'enfin, ils furent seuls, il lui dit, un peu déconcerté
" Vous faites souvent rentrer vos clients dans votre hall d'entrée ? Çà n'est pas très sur ses temps-ci, vous devriez faire attention. "
Ca sonnait presque comme une phrase ironique, un peu comme celle d'un psychopathe appuyant sur le fait que sa victime était inconsciente alors que, en réalité, il ne voulait tout simplement pas qu'il lui arrive quelque chose. Cette femme ne semblait pas être comme n'importe quelle femme, différente, dans le bon sens. Un peu perchée, un peu fatiguée. Son boulot n'aidait sûrement, guère à lui donner une image plus " normale ", au fond, ils se ressemblaient un peu. Il sourit bêtement en pensant à toutes ses personnes que l'on croise tous les jours sans prêter attention à leurs vies, à leurs existences. Toute cette masse de peuple qui ne se démarquait pas les uns des autres, des milliers de visages oubliés dans les tréfonds d'une mémoire abyssale. Cette femme marquait les esprits, le sien en tout cas, juste par cette crinière noire puissante et surtout pour ses capacités sûrement indéniables en réparation d'objet technologique. L'oiseau respectait toute forme de métiers, tout type de profession et surtout celles qu'il ne pourrait jamais exercer, dont celle-ci.
Après tout, il aurait très bien pu la kidnapper et lui voler ses organes.
" Au fait, moi c'est Raven, enchanté "
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[HRP : Content que mes musiques te plaisent, j'espère que mes réponses aussi !]
Les mots de l’homme t’étranglent, c’est comme une blague de mauvais goût. En même temps, cette remarque innocente le ferait passer pour un novice de la capitale. Un rire consterné à moitié ravalé siffle à travers tes dents, tes épaules se roulent et tu plantes tes yeux dans les siens.
— La pire chose qui puisse vous arriver dans ce quartier, c’est un stalker.
A condition de rester non loin de ses grandes artères, du moins. Le concierge de l’immeuble, un moulin à paroles cinquantenaire, aimait partager rumeurs et légendes à ses résidents tels qu’un marché noir et la présence de plus en plus forte de certains gangs. Sincèrement, ça t’irritait. Akihabara figurait comme un des rares endroits abordables avec une criminalité modérée de Tokyo, ton ultime bastion.
Il te donne son nom—si tu peux appeler ça un nom—Raven. Le fait qu’il ait un alias fait gravir sur ton échine un sentiment d’alerte ; ouais, t’as beau ne pas discriminer sur le physique, mais les pseudonymes c’est différent. Ils ont beau être en vogue, dans ta tête ça n’est souvent que synonyme de gang. L’expression sur ton visage n’a pas changé parce que, présentement, tu fais des affaires, dans une autre situation tu aurais juste tourné les talons.
— Hondo, de même.
Exemple même de ta légendaire sociabilité ; il n’y a que tes mandataires et les policiers pour te faire ton identité complète, le reste n’a qu’à se contenter de ton nom de famille. De ton cabas en toile, tu extirpes ce grand-père de la téléphonie, soigneusement rangé dans une pochette en plastique où il avait été écrit au feutre le modèle et la marque.
— Le clavier est à nouveau fonctionnel. Pour ce qui est du téléphone de prêt, il suffit juste de le réinitialiser. Un léger temps de pause et tu reprends. Vous savez, il devient rare de voir quelqu’un encore utiliser un téléphone à clavier.